• « Peut-on exprimer son moi intérieur ? », Collège Belgique, Namur (novembre 2023)

     

    Alors que les ouvrages de développement personnel invitent à renouer avec son moi véritable et à exprimer la réalité de notre être, il convient d'interroger les concepts de « moi » et « d'expression de soi ». Elles n'ont rien d'évident. Si le moi est intérieur et profond, comment pourrait-il se donner à voir dans les gestes du quotidien qui répondent aux attentes sociales et matérielles ? C’est à cette question que tente de répondre Bergson en soutenant que le problème est résolu dès lors que c’est par l’action libre que le moi se donne à voir, s'exprime dans le monde. A l’inverse, les gestes sociaux ne seraient qu’un ensemble d’apparences sans lien avec l’être véritable du moi. Toutefois, cette opposition entre être et apparaître ne doit-elle pas conduire à une analyse critique plus profonde, remettant en cause l'existence même du moi ? Dans cette perspective, nous proposerons un parcours remettant en cause la compréhension de l'action comme expression de soi à partir des philosophies de Sartre et de Beauvoir. Nous comprendrons l'action en situation, et l'identité comme une construction par les actions.

  • « Penser le peuple comme un collectif d'actions avec Jean-Paul Sartre », Rencontres de Sophie, Nantes (mars 2022)

     

    Depuis plusieurs années, la notion de « peuple » est brandie par de nombreuses personnalités politiques en France et à l’étranger. Pourtant, la définition du peuple est difficile à fournir. Est-ce à dire que le peuple n’existe pas – si ce n’est dans les discours des femmes et des hommes politiques ? Dans cette conférence, je propose de mettre l’action au principe de l’existence du peuple et de considérer que celui-ci ne peut exister que s’il agit. Je cherche d’abord à examiner si le peuple peut constituer une totalité de telle sorte que les membres qui la compose ne sont que les parties d’un tout. Cependant, l’existence de cette totalité fait difficulté. La Critique de la raison dialectique de Jean-Paul Sartre me permet de distinguer le collectif qui forme une série et celui qui constitue un groupe. Ce faisant, après Sartre, je place l’action au principe du groupe qu’est le peuple et je peux ainsi interroger la participation des agents (c’est-à-dire des personnes qui agissent) dans ce groupe particulier. C’est la deuxième partie de ma communication qui vise à comprendre les conditions d’une action collective du peuple. Celle-ci peut-elle résider dans le vote pour des représentant.e.s ? Je rejette cette hypothèse pour formuler une thèse plus forte de l’action du peuple s’unissant par ses revendications. Enfin, dans une dernière partie, j’envisage d’abord les difficultés concernant l’unité du peuple, en particulier pour celles et ceux qui sont minoritaires. Toutefois, j’esquisse deux pistes de solution à ce problème : une solution qui concerne l’organisation du collectif et une solution qui porte sur l’entrecroisement des groupements minoritaires au sein du peuple. En dernière analyse, je défends l’idée que cette compréhension du peuple comme collectif d’actions engage une nouvelle conception de la démocratie et de la politique portée par le peuple : une démocratie réelle défendant une politique d’égalité et de justice.